La route de la porcelaine

Conférence du docteur Gilles Foucqueron le mercredi 26 avril à 18h00 à l’école de médecine navale.

1453. Constantinople tombe entre les mains des Ottomans. La route de la soie est coupée. La dernière étape est entre leurs mains et le monopole de Venise. Les nations occidentales se voient contraintes à se lancer sur la route des explorations. Leur but : le pays du Cathay, la Chine d’aujourd’hui. Les Portugais découvrent le contournement de l’Afrique ouvrant la voie de l’océan Indien, porte de la mer de Chine. Cette route est la même que fréquenteront les navires de la Compagnie des Indes pour se rendre en Inde et en Chine.

Au XVIIIe siècle, les secrets de la porcelaine sont encore inconnus en Europe, à l’heure où la classe aisée se plait a en garnir leurs tables et leurs intérieurs. Des centaines d’hommes se lancent dès lors vers l’Empire du Milieu, les obligeant pendant des mois à vivre les périls de l’Atlantique et de l’océan Indien, avant de franchir le détroit de la Sonde,  de remonter la rivière des Perles et atterrir à Canton, seul port ouvert aux Européens.

Grâce aux travaux de quelques Jésuites, les secrets de la porcelaine se révèlent aux Occidentaux alors même que le kaolin est découvert aux alentours de Limoges. Mais au-delà de ce voyage de deux années, la moindre assiette de porcelaine dite de la compagnie des Indes conserve aujourd’hui en elle toute une aventure humaine, mobilisant pour chacune d’elle des dizaines d’hommes, qu’ils soient Chinois ou Européens. Nous nous devons de revivre leur mémoire. Cet artefact possède en effet une âme.

Le Président est prêt à partir pour l’aventure de la route de la porcelaine !

Submersions marines : les données hydrographiques au chevet de la prévention du risque

Conférence de Thierry Sauzeau et du docteur Frédéric Surville, le mardi 21 février à 18h00 au SHD.

La recherche en histoire à propos des submersions marines permet d’établir les causes météorologiques (tempête entrainant une surcote de marée haute) de la plupart de ces événements. Lorsque l’origine météorologique ou sismique d’une submersion ne saurait être invoquée, on peut mobiliser les données hydrographiques anciennes afin de comparer l’état des paysages sous-marins côtiers avant et après l’événement. Grâce à l’usage des technologies numériques la recherche permet désormais de diversifier nos connaissances sur de tels phénomènes.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, des surcotes avec des vagues de type tsunami ont pu être observées à trois reprises dans le vieux port de La Rochelle : le 6 septembre 1785, le 9 juin 1875 et le 22 avril 1882.

Au regard de leur caractère très localisé et n’étant corrélées ni à des anomalies météorologiques de type tempête, ni à un séisme majeur, une recherche pluridisciplinaire a été engagée pour en déterminer l’origine. Des études comparées des bathymétries ante et post aléas, et la réalisation d’un modèle numérique des différences en bathymétrie montrent des variations importantes dans le chenal situé entre l’île de Ré et La Pallice, une zone interprétée comme une cicatrice d’un glissement sous-marin. Cette déstabilisation de la pente sous-marine pourrait être à l’origine de vagues mesurées à La Rochelle en 1785, en 1875 et en 1882 .

La Marine française dans la seconde guerre mondiale – Quelques aspects du conflit vus depuis l’arrondissement maritime de Rochefort

Conférence de François Chabot-Morisseau le jeudi 9 juin à 18h00 au SHD

La Marine française a été profondément marquée, pendant la seconde guerre mondiale par le sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Il est cependant tout à fait injuste de réduire son histoire à ce drame pendant cette période très complexe dans laquelle les actions n’ont pas manqué pour elle du 3 septembre 1939 jusqu’au 8 mai 1945. Les marins ont tout connu pendant cette guerre, de la fraternité d’armes et de l’honneur de se battre jusqu’à l’horreur des combats fratricides en passant par la perfidie des Alliés et la sauvagerie des ennemis. Le courage face à la mer, l’héroïsme au combat, l’attente insupportable, les espoirs déçus, la douleur de perdre son navire, la joie de reprendre la lutte, dans l’ombre ou dans la lumière, la fierté de vaincre… tout cela, les marins l’ont vécu pendant ce conflit.

Seront ainsi évoqués dans la conférence qui vous est proposée :

– l’épopée de l’évacuation des ports en mai et juin 1940 (La Rochelle, Rochefort, Royan, Bordeaux, Bayonne, Saint-Jean de Luz) ;

– les bombardements de 1940 et l’action de l’aéronautique navale à partir des bases du Sud-Ouest ;

– un cas de ralliement d’un navire de commerce aux Forces navales françaises libres (FNFL) depuis Bordeaux, mais aussi d’autres anecdotes relatant les difficultés rencontrées par les pêcheurs dans le golfe de Gascogne ;

– plusieurs exemples de résistance maritime, dont celui, magnifique, des pilotes de la Gironde ;

– La libération du port de Rochefort avec l’incendie de la corderie ;

– Les combats de réduction de la poche de Royan – Pointe de Grave

– La libération de l’île d’Oléron ;

– La libération de l’île de Ré et la reddition de la poche de La Rochelle.

(Ruines du pavillon central de la corderie incendié en 1944(Photo F. Chabot-Morisseau



La Marine nationale au féminin

Conférence par la contre amirale (2S) Chantal Desbordes

le jeudi 28 avril 2022 à 18h au Service Historique de la Défense

Elle voulait faire du cinéma, elle est devenue la première femme amirale dans l’histoire de la marine nationale !

Chantal Desbordes raconte son parcours inédit dans le milieu de la « Royale ». Elle montre surtout comment elle a su y tracer sa propre route et contribuer, par là même, à améliorer la place des femmes dans l’institution.

De marin canadien à gouverneur de Rochefort : Joseph Le Moyne de Sérigny (1668-1734)

Conférence de Laurent Busseau le jeudi 13 octobre à 18h00 au SHD

Né en 1668 à Montréal, Joseph Le Moyne de Sérigny appartient à la grande famille canadienne Le Moyne de la Nouvelle-France, composée de coureurs de bois, de marins aventuriers et de militaires pour le Roi-Soleil. Garde-Marine à Rochefort, de Sérigny prend part à plusieurs campagnes navales contre la Navy anglaise entre 1692 et 1706. Promu officier de la Marine royale, sous les ordres de son frère aîné, Pierre Le Moyne d’Iberville, il va parcourir les mers de Terre-Neuve, des Caraïbes et du golfe de Louisiane, le conduisant au poste de Gouverneur militaire de Rochefort entre 1723 et 1734.

Cette conférence retrace l’aventure de ce marin canadien du XVIIeau XVIIIesiècle.

Napoléon, les fortifications et la mer

Conférence le jeudi 24 novembre 2022 18h00 au SHD (attention nouvelle date)

par Olivier ACCARIE PIERSON du Service historique de la défense, division des archives techniques et de l’information géographique, co-commissaire de l’exposition Les forteresses de l’Empereur (Château de Vincennes, 2022).

Cette conférence, conçue dans la suite de l’exposition « Les forteresses de l’Empereur » (Château de Vincennes, 2022), met en avant un aspect paradoxalement fort méconnu de la politique et de la stratégie napoléoniennes : le rôle de la fortification, celui des places fortes, et l’importance du corps du génie militaire, tant pour ce qui concerne le contrôle et la mise en valeur du territoire, en France, et dans les pays conquis, leur administration ; que pour ce qui concerne la mainmise sur ces pays vaincus et leur contrôle. Une Europe fortifiée sur terre, mais aussi sur les littoraux : l’instauration du blocus continental a accéléré une politique de fortification et d’édification. La défense des ports et des côtes est réaffirmée face à la menace et aux attaques anglaises ; certains arsenaux font l’objet de travaux parfois pharaoniques comme à Cherbourg (« J’ai voulu reproduire à Cherbourg les merveilles de l’Égypte », dira-t-il à Sainte-Hélène) ou dans la rade de Rochefort, où le projet du fort Boyard est commencé…

Plan du fort Boyard

L’arsenal de Venise des origines aux temps modernes

Conférence le jeudi 9 septembre au Service Historique de la Défense à 15h00 par Philippe Braunstein, agrégé d’histoire, directeur d’études honoraire à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales.

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L’Arsenal de Venise, qui apparaît dans les sources écrites au début du XIII° siècle, ne cesse au cours des siècles d’accroître dans l’espace urbain sa surface et son rôle moteur pour le commerce international et la défense militaire de la République. Ses chantiers de construction et de réparation des vaisseaux marchands et des navires de guerre, ses lieux de production et de stockage de tout l’équipement naval, en particulier de l’artillerie, font de cet arsenal la plus importante entreprise  industrielle de l’Europe médiévale.

 Doté d’une main d’œuvre abondante et d’une maîtrise réputée d’artisans et d’ingénieurs, l’Arsenal de Venise est devenu au XV° siècle un modèle d’organisation et de gestion en Europe.

 Sa fonction militaire devient prépondérante à partir du XVI° siècle lorsque l’Empire ottoman met en péril en Méditerranée les positions vénitiennes, puis s’en empare. A partir du XVII° siècle, tandis que s’affirme la puissance des arsenaux atlantiques et nordiques, Venise tarde à prendre des décisions structurelles qu’imposeraient la dimension et l’armement  des navires de guerre et le faible tirant d’eau de la lagune. L’intégration de l’arsenal  dans un espace impérial européen met un terme à sa primauté originelle. Demeure la puissance historique de son architecture dans l’espace vénitien d’aujourd’hui.

La bataille de Velez-Malaga (1704)

Conférence de Patrick Villiers le jeudi 12 mars 2020 à 18h au SHD

Avec la levée progressive du confinement, cette conférence peut enfin être fixée au mardi 22 juin 2021 à 18h30 à la Corderie royale.

ATTENTION : en raison des contraintes COVID le nombre de participants est limité. L’inscription est OBLIGATOIRE (M. Michel Nodet 06 26 04 78 34)

Réétudier la bataille de Velez-Malaga de 1704 en s’interrogeant sur le rôle des vaisseaux de 1er rang est également une manière de faire un bilan de la construction navale sous Louis XIV.

Vaisseaux de 1er rang, de 2e rang, navires amiraux, trois-ponts de 80 canons, 90 canons voire 110 canons, ces dénominations changent fortement au XVIIe siècle comme nous le verrons. Elles correspondent cependant à la notion de « capital ship » que l’on pourrait traduire par navire de commandement ou navire amiral. Pour l’essentiel, en Méditerranée ou dans les eaux européennes, ce sont des trois ponts commandés par des chefs d’escadre, des lieutenants-généraux ou des amiraux à la tête d’une division, d’une escadre, voire d’une flotte. Ce concept inventé par les Anglais avec le Prince Royal est cependant repris par les Hollandais mais surtout par les Français. Qui ne connait les noms du Soleil Royal construit à Brest, des  Royal Louis et Saint-Philippe construits à Toulon ou du Fier construit à Rochefort. Réétudier la bataille de Velez-Malaga de 1704 en s’interrogeant sur le rôle des 1er rang est également une manière de faire un bilan de la construction navale sous Louis XIV.

L’histoire oubliée de la dernière expédition de Cavelier de La Salle

Conférence de Bernard Allaire du 26 mai 2020.

A une époque où les marins ne savaient pas déterminer leur longitude la reconnaissance des côtes était particulièrement délicate. A la recherche de l’embouchure du Mississippi, l’expédition de Cavelier de La Salle s’est terminée par une tragédie après la perte de son navire, La Belle, dans la baie de Matagorda au Texas, située près de 600 kilomètres  plus à l’ouest de l’embouchure recherchée !

Le Lieutenant de vaisseau Joseph-René Bellot

Conférence de l’amiral Bellec le jeudi 1er octobre 2020 à 18h 00

L’épisode le plus dramatique de la recherche du passage du nord-ouest à travers l’Arctique canadien, fut la disparition au milieu du XIXe siècle des deux navires commandés par Sir John Franklin. Issu d’une famille modeste, Joseph-René Bellot qui avait fait de Rochefort sa ville d’adoption, fit entrer la France dans la grande histoire de l’exploration arctique en se portant volontaire pour participer aux expéditions de secours. Comme Cook, Lapérouse ou Dumont d’Urville, Bellot connut une fin tragique. Elle en fit un héros bien moins célèbre qu’eux, parce que l’engagement de ce jeune officier de Marine n’était pas une affaire d’État. La biographie trop vite arrêtée de Joseph-René Bellot a la dimension émouvante d’un journal intime.